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Architecture iconique et usage moderne, trouver l’équilibre

Kendji Gi

L’humanité compte des centaines de milliers d’années d’existence. Au fil de sa longue histoire, sa culture s’est développée sous différentes formes. Et aujourd’hui, en plus des vestiges qui nous viennent des ères oubliées, nous avons également hérité des preuves bien concrètes de notre histoire commune. L’architecture fait partie des archives culturelles de l’humanité. Mais parfois, nous avons du mal à concilier le caractère sacro-saint des bâtisses architecturales iconiques et l’utilisation moderne qui en est faite.

La forme pour la forme ?

Il y a, partout dans le monde, de véritables monuments architecturaux qui méritent le détour. Ces monuments, pour certains sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et continuent d’être préservés du mieux possible. D’autres cependant sont situés au cœur des grandes villes et métropoles et leur préservation se heurte aux besoins d’aménagement urbain ou d’utilisation de l’espace.

En effet, dans les milieux urbains, l’espace vient toujours à manquer. Et surtout, l’effort de préservation, par définition, n’intervient que lorsque les constructions iconiques sont en voie de disparition. Prenons l’exemple de New York où les « Brownstone » ont largement été rénovés dans le cadre de l’embourgeoisement des lieux. Malgré leur grande valeur architecturale, ces constructions sont peu optimales du point de vue des pratiques de construction modernes qui maximisent l’espace à louer au détriment du confort.

Mais, la question reste entièrement posée. Le caractère iconique d’une construction est-il un argument suffisant pour défendre sa préservation ? Faut-il sauver la forme pour la forme, ou faut-il plutôt envisager une utilisation innovante de ces constructions culturellement riches ?

Des bâtisses anciennes, des usages nouveaux

On pense notamment aux constructions du début du 19ème siècle qui sont souvent rénovés et transformés en appartements, en bureaux ou en commerces. Souvent, cette transformation abolit tous les éléments caractéristiques de l’architecture iconique. Mais parfois, certains projets font le choix de préserver le caractère iconique tout en l’adaptant à l’utilisation moderne qu’on souhaite en faire.

Qu’il s’agisse de librairies installées dans des anciens théâtres comme « El Ateneo Grand Splendid » en Argentine, ou de galeries d’art dans une église désaffectée ou de maisons de jeu dans de vieux cabarets ; une ambiance que leurs équivalents en ligne s’efforcent d’ailleurs de reproduire.

Ce choix sert deux objectifs. D’une part, les entreprises qui préservent ainsi les bâtiments à l’architecture particulière, s’évitent les foudres des riverains pour lesquels le monument architectural est un véritable avoir culturel, et parfois financier étant donné que la proximité avec de telles points de repère peut rehausser la valeur immobilière de leurs propres biens.

D’autre part, les entreprises créent une ambiance surprenante avec des éléments d’époques diverses qui cohabitent ensemble. Certaines entreprises n’hésitent d’ailleurs pas à exploiter ces anachronismes dans leur décoration thématique ou à en faire des éléments en vedette de leur local, comme la coupole des Galeries Lafayette.

Les challenges de la préservation et les perspectives pour le futur ?

Comme évoqué plus tôt, le principal obstacle à la préservation des bâtisse iconiques, c’est l’argent. Les techniques de construction et les matériaux adéquats deviennent de plus en plus rares au fil des années. Ceci implique malheureusement que la maintenance de ces bâtiments est déjà un coût important.

Dès lors, la question d’une rénovation partielle ou d’une modernisation complète se pose. Par exemple, faut-il se contenter de remplacer la plomberie, de moderniser le chauffage ou de retaper le circuit électrique. Ou est-il absolument nécessaire de renforcer les poutres, les murs porteurs et de toucher à l’intégrité architecturale du bâtiment. En dehors du coût du projet de maintenant ou de rénovation, il y a le manque à gagner qu’une bâtisse ancienne peut représenter.

Même si elle est bien située, les bâtiments iconiques sont une charge pour le propriétaire. Et trop souvent, pour les transformer en source de revenu passif, il faut louer ou vendre. Ceci nécessite de les rendre plus attractifs pour les prochains usagers. C’est pour cette raison qu’on y installe des boutiques, des bureaux et divers autres aménagements qui ont tendance à nuire à la richesse architecturale, mais qui élèvent le potentiel locatif ou commercial de la bâtisse.

En tout état de cause, la gestion des bâtiments d’architecture iconique est un véritable casse-tête qu’on est encore loin de résoudre. Selon les régions, selon leur importance et selon l’expansion urbaine, le sort de ces bâtisses peut être très varié.

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